Contributeur :
Gérard KONAN
Expert Cybersécurité
À l’heure de la transformation numérique, les systèmes d’information des entreprises africaines évoluent rapidement, portés par l’adoption du cloud, le télétravail et la mobilité croissante des équipes. Cette modernisation des usages ouvre des opportunités considérables en termes d’efficacité, d’accessibilité et de compétitivité : elle permet de connecter des collaborateurs répartis sur de vastes territoires, d’adopter des solutions innovantes et de répondre plus rapidement aux besoins des clients.
Mais cette évolution bouleverse aussi les paradigmes traditionnels de la cybersécurité. Là où autrefois les organisations pouvaient compter sur un périmètre réseau bien défini et des murs de protection solides, elles se retrouvent désormais face à un environnement fragmenté, distribué et exposé à des menaces de plus en plus sophistiquées. Le modèle du « château fort » montre ses limites : il n’est plus possible de tout verrouiller derrière un pare-feu unique et de faire confiance aveuglément à ce qui se trouve à l’intérieur.
Dans ce contexte, le concept de Zero Trust émerge comme une réponse stratégique incontournable. Il propose un changement radical de posture : ne jamais accorder de confiance par défaut, vérifier systématiquement chaque identité, chaque appareil, chaque accès, et segmenter les ressources pour limiter les impacts en cas de compromission.
Pour les entreprises africaines administrations publiques, banques, télécoms ou entreprises privées adopter une approche Zero Trust n’est plus un luxe, mais une nécessité. C’est la clé pour sécuriser les transformations numériques, protéger les données sensibles et maintenir la confiance des clients et des citoyens dans un environnement toujours plus connecté et complexe.
Le déclin du modèle périmétrique
Pendant des décennies, la cybersécurité des entreprises a été pensée sur le modèle du château fort. Cette métaphore classique reposait sur une idée simple : ériger des murs solides autour du système d’information pour empêcher toute intrusion. Le pare-feu jouait le rôle de rempart, le réseau interne était considéré comme « de confiance » et les menaces venaient essentiellement de l’extérieur.
Ce modèle avait du sens dans un environnement homogène et centralisé. Les utilisateurs travaillaient sur site, les applications étaient hébergées en interne et les données ne quittaient pas les serveurs de l’organisation. Contrôler l’accès au périmètre physique et logique suffisait largement à limiter les risques.
Mais les usages ont profondément changé. Avec la généralisation des connexions distantes, l’adoption du cloud, la multiplication des appareils mobiles et le recours croissant à des prestataires externes, le « périmètre » s’est fragmenté. Les données ne résident plus dans un seul lieu, les utilisateurs se connectent depuis partout et les applications s’exécutent sur des infrastructures partagées ou hébergées hors du contrôle direct de l’entreprise.
En Afrique comme ailleurs, ces évolutions rendent le modèle périmétrique obsolète. Continuer à raisonner en termes de « périmètre à défendre » expose les entreprises à des brèches majeures : une fois qu’un attaquant franchit le mur, il peut circuler librement, souvent sans être détecté. Il devient donc nécessaire de repenser la sécurité non plus comme une barrière unique, mais comme un ensemble de contrôles granulaires et distribués, intégrés à chaque accès et chaque transaction.


